Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
– Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine, Sagesse (1881)
Le mur se dissimule dans ses pierres et
s’impose à nous dans les détails des facettes
lisses ou rugueuses, minuscules crevasses ou
arêtes vives. Blocs inattendus calés entre eux.
Paroles d’usure devant les pierres sans débris.
Nous côtoyons le mur cherchant à en
recueillir quelques poussières pour en dissiper
l’abandon.
Il monte jusqu’à la terre de dessus dont il
contient l’inerte pesanteur et les poussées
imprévisibles.
Georges Drano
Ce dont on te prive,
c'est de vents,
de pluies,
de neiges,
de soleils
de montagnes,
de fleuves et de forêts : les vraies richesses de l'homme...
Tout a été fait pour toi ; au fond de tes plus obscures veines, tu as été fait pour tout. Quand la mort arrivera, ne t’inquiète pas, c’est la continuation logique. Tâche d’être alors le plus riche possible. À ce moment-là, ce que tu es, deviens.
" Les vraies richesses "
Jean Giono
Là, sautant par une pensée rapide des choses matérielles aux choses immatérielles, je m’apostrophais moi-même en ces termes ou à peu près : « Ce que tu as éprouvé tant de fois dans l’ascension de cette montagne, sache que cela arrive à toi et à beaucoup de ceux qui marchent vers la vie bienheureuse ; mais on ne s’en aperçoit pas aussi aisément, parce que les mouvements du corps sont manifestes, tandis que ceux de l’âme sont invisibles et cachés. La vie que nous appelons bienheureuse est située dans un lieu élevé ; un chemin étroit, dit-on, y conduit. Plusieurs collines se dressent aussi dans l’intervalle, et il faut marcher de vertu en vertu par de glorieux degrés. Au sommet est la fin de tout et le terme de la route qui est le but de notre voyage. Nous voulons tous y parvenir ; mais, comme dit Ovide : C’est peu de vouloir ; pour posséder une chose, il faut la désirer vivement.
Pétrarque
"L'ascension du mont Ventoux"